just to see you ♡

La journée avait passé lentement. Trop lentement pour Úna. La soirée de la veille n’avait pas été des plus agréables, ça non. A l’accoutumée déjà, ce n’était pas bien fun de devoir se déshabiller devant une bande de types avides et parfois bien peu plaisants. Mais c’était pire lorsque l’un d’eux, un peu trop alcoolisé, décidait qu’il voulait plus qu’une petite danse coquine. Une proposition qu’elle avait refusée sans même y réfléchir. Hors de question, ce n’était pas son job. Un refus qui s’était soldé par un coup de poing qui l’avait sonnée, laissant d’ailleurs un beau bleu sur sa mâchoire, avant que le type soit jeté dehors par les gorilles du patron. Le patron, lui, n’était pas un mauvais type. Pas le plus honnête, non, mais pas méchant. Pour cause, il lui avait offert une journée de congé, qui s’alliant avec son congé habituel lui donnait ainsi deux jours de repos.

C’était donc pour cela qu’elle se trouvait actuellement en chemin pour le Starbucks du coin, au lieu de prendre le chemin du bar. Le tout pour aller voir une personne bien précise à vrai dire. Et le concerné n’était même pas au courant, sachant qu’elle désirait lui faire une petite surprise. Puis bon, elle n’vait pas tellement eut le temps de de prévenir, sachant qu’elle avait dû se dépêcher pour rentrer chez elle et se doucher, après une journée à bosser à la supérette. Car oui, en plus de son job d’effeuilleuse, elle faisait aussi caissière, à mi-temps. C’était nécessaire si elle voulait s’en sortir, à vrai dire, et vivre décemment dans cette ville si loin de sa terre natale. Enfin, pour en revenir à la raison de sa sortie, elle n’avait donc pas eu le temps de le prévenir et de se préparer. Rentrée chez elle aussi rapidement que possible, elle avait dû se laver, se changer et nourrir les deux créatures qui squattaient son appartement.

Et la voilà donc en chemin pour le lieu de travail de ce garçon qui n’était pas juste une connaissance parmi tant d’autres. Séche, beau gosse espagnol de son état, était l’un de ses amis le plus proche. Le plus proche, même. Et pas juste un ami. Disons qu’on pouvait dénoter dans leur relation certains plus indéniables. Puis, il y avait aussi cette rougeur qui lui montait aux joues lorsqu’il la prenait dans ses bras, ou encore ce pincement soudain dans sa poitrine lorsqu’il prononçait son nom. Ah, elle ne savait pas quoi penser de cela. Et ne voulait pas y penser. Il était son ami, ils s’aimaient plus que de simples amis, voilà tout. Qu’y avait-il de plus à voir là-dedans, de toute façon ?

Retirant ses lunettes de soleil de son nez et passant une énième fois sa main dans sa crinière brune, elle poussa de sa main libre la porte d’entrée du café, un vague sourire aux lèvres. Il y avait au creux de sa poitrine une impatience certaine de le revoir, un papillonnement bien singulier. Oh, et la portugaise avait même fait un effort pour sa tenue, ayant opté pour un pull pas trop épais, laissant son dos entièrement nu, dévoilant le bronze gagné à force de lézarder sur la plage. Pour le bas, une jupe blanche moulante à motif floraux bleu nuit, soulignant sa chute de reins. Puis une paire de ballerines blanches histoire d’être confortable. Elle était mignonne comme ça, sa longue chevelure laissée libre et pour une fois coiffée correctement, quoi qu’à la va-vite en sortant de la douche. Et comme lors de leur première rencontre, ce fut avec un charmant sourire qu’elle s’accouda au comptoir, se retrouvant face à celui qu’elle était venue voir. « Quelle chance j’ai. Un beau-gosse pour me servir mon café. » Une légère moue déforma son sourire, alors qu’elle glissait son regard dans le sien. Una se mordilla la lèvre, il était si mignon quand même, avant de rajouter tout en retrouvant son sourire : « Comme d’habitude, c’est possible, hm ?» Elle entendait par-là un Mocha glacé, parfait vu les chaleurs actuelles.

Et, tout en attendant sa réaction, elle s’empressa de rajouter, ne pouvant s’empêcher d’être taquine avec lui, de façon on ne peut plus affectueuse cela dit : « Je me suis dit que comme je ne bossais pas ce soir, je pouvais venir t’attendre après le travail… » A savoir qu’il était bientôt 18h, l’heure où il finissait aujourd’hui. Et elle espérait juste qu’il ne remarque pas la marque bleutée qui trônait sur le côté droit de sa mâchoire inférieure. Elle n’avait pour ainsi dire pas vraiment envie de lui causer de soucis. Elle s’en faisait déjà suffisamment toute seule, hein.