Je marchais lentement dans les rues de Los Angeles. La chaleur presque écrasante me rendait moue – ou du moins pas très réactif- et puis, rien ne pressait. Je prenais le temps de vivre, faut dire qu'on était en week-end. C'était bien fait pour ça, non : profiter du temps qui passe et procrastiner sans se torturer et se dire qu'on a du boulot ? Oui, ça devait être ça – et le paradis devait y ressembler. Enfin bref. Les mains dans les poches, mon habituel bonnet sur la tête, même par trente degré, je profitais de l'éternel beau temps et de l'absence des touristes en cette fin de journée. Mon bonheur aurait été complet si seulement Matt avait décidé de venir, mais il faut croire qu'il avait préféré pantoufler à la maison – du moins, il n'avait pas vraiment préciser s'il comptait ou non venir ce soir. Mais où ? Et bien chez Séche. L'espagnol avait eu la gentille de nous inviter prendre un verre et certainement manger quelques nachos chez lui, mais avait hélas eut le mauvais goût de placer cette soirée sous le signe du football. Bon, après, je n'était pas capricieux, mais si ce n'était pas mon sports préféré, entre potes, regarder un bon match devait être déjà moins ennuyant. Et puis, au pire, il y aurait toujours moyen de rire ou de faire rager Séche. Quoiqu'il en soit, j'avais de toute façon la flemme de cuisiner ce soir et je pense que j'aurais quand même squatter l'appartement de celui que j'appelais « mon meilleur ami ». Peut importe si Matt venait ou pas, il faisait bien ce qu'il voulait après tout, je savais que j'allais tout de même m'amuser. Et puis, on est pas non plus obligé de tout faire en couple...Je m'égare !
Je me laissais donc presque porter par le vent – enfin...la douce brise – jusqu'à ce que je reconnaisse cet appartement où j'étais tant de fois allé, dont j'avais souvent taché le parqué avec de l'alcool bon marché, et où je jouais « le service petite déjeuné » pour ce glandeur d'espagnole. Je tapais le code – que je connaissais à présent par cœur - à la porte principale avant de monter les marches quatre par quatre grâce à une soudaine poussée d'adrénaline, sûrement était-ce la hâte de commencer cette soirée qui allait être sûrement très agréable ou alors tout simplement la faim, provoquant un claquement très désagréable due aux tongs que j'avais mis après un tour à la plage – histoire de ne pas avoir de sable dans les chaussures.
Ni une ni deux, après avoir monté les trois étage à pieds, je bondissais vers la porte avant de martyriser la sonnette – histoire de l'emmerder comme il fallait – jusqu'à ce qu'il m'ouvre.Comme d'habitude, il m'accueillis avec quelques de ces blagues racistes – mais pas méchante pur un sous, je le savais bien- ce à quoi je répondit immédiatement :
« Je fais peut être terroriste, mais toi tu ressembles au bof de base avec ton pyjamas de chez walmart. »
J'entrais ensuite comme une fleur. Il se dirigea vers la cuisine, me proposant une bière. Je n'eus même pas le temps de répondre que le
pschiit de la canette se fit entendre. Ah, il me connaissait bien trop. Je décidais néanmoins de répondre, au cas où il n'en aurait sorti qu'une, le malotru.
« C'est pas de refus. »
J'allais ensuite dans le salon ou je me laissais tomber sur le canapé moelleux et regardais par les fenêtre grand ouverte, sans vraiment prêter attention à la télé déjà en marche. C'est fou : il y a un mois, à la même heure, il faisait nuit, et à présent il faisait grand soleil. La nature était quand même bizarre – certain disent bien fait, mais la trouve plus étrange qu'autre chose.
« A propos, je ne sais pas si Matt va venir. Il avait l'air à l'aise sur le canapé tout à l'heure, donc soit il trouve la force de venir jusqu'à ton appart', soit il restera chez nous, tel le mollusque incrusté sur son coquillage. »
Je m'enfonçais un peu plus dans les cousins avant de retourner mon attention vers la télé. Je voyais courir au ralentis quelques abrutis qui, tant bien que mal, tentaient de taper dans une balle pour soit disant préserver l'honneur de leur pays. Franchement, l'inventeur du foot ne devait pas être une lumière. Néanmoins, je ne tournais pas la tête. Je me prenais presque au jeu, ou alors le petite écran m'hypnotisait, qui sait.
« On va vraiment regarder ça ? » Dis-je, d'un ton monotone, pas vraiment blasé, ni vraiment enthousiaste.
A vrai dire je m'en fichais un peu, c'était juste histoire de le taquiner, lui et sa virilité mal placé de grand fan du Barça. Je le voyais déjà me déballer son éternel monologue avec une conviction sans borne. J'en riais d'avance.